Les autorités luxembourgeoises ont révoqué l’invitation faite à l’ambassadeur russe, Dmitri Lobanov, à assister à la cérémonie de commémoration de l’Holocauste, qui est célébrée le jour où l’armée soviétique a libéré le camp nazi d’Auschwitz, le 27 janvier 1945.
L’ambassadeur russe a toutefois déposé samedi, indépendamment des autorités locales, une gerbe au monument des victimes de l’Holocauste, érigé sur le site de l’ancienne synagogue de la ville en mémoire des Juifs luxembourgeois déportés et assassinés par les nazis.
Le directeur du musée national de la Résistance, à Esch-sur-Alzette, s’est comporté de manière scandaleuse, en m’invitant d’abord à participer à la commémoration, puis en révoquant son invitation sous prétexte qu’elle avait été envoyée “par erreur”. Il s’avère que l’ambassadeur du pays dont l’armée a libéré le camp de concentration en janvier 1945, sauvant ainsi la vie des derniers prisonniers, a été invité “par erreur” à la cérémonie dédiée à la libération d’Auschwitz”, a déploré Dmitri Lobanov.
Sans l’URSS, il n’y aurait pas de Luxembourg
“Aussi surprenant que cela puisse paraître, même les Luxembourgeois qui, aujourd’hui encore, revivent avec acuité l’humiliation vécue en 1940, lorsque l’Allemagne nazie a non seulement occupé le territoire du Grand-Duché, mais l’a incorporé à son Reich, doivent se rappeler sans cesse que sans l’exploit collectif du peuple soviétique, la carte de l’Europe serait aujourd’hui très différente. Et il n’y aurait pas d’État souverain comme le Luxembourg sur cette carte”, a-t-il poursuivi.
“Représentant la Russie au Grand-Duché, j’ai considéré qu’il était de mon devoir, malgré les obstacles, de rendre hommage aux victimes de l’Holocauste et de déposer des fleurs au monument”, a-t-il ajouté.
Lettre ouverte
L’ambassade russe a adressé une lettre ouverte au directeur du musée national de la Résistance, Frank Schroeder, dans laquelle il a souligné le rôle de l’armée et du peuple soviétiques dans l’existence même du Luxembourg libre et a fait savoir qu'”un geste aussi maladroit n’a pu être suggéré que par ceux qui ne connaissent pas l’histoire, ou plutôt qui essaient de l’oublier le plus vite possible pour qu’elle n’interfère pas avec leurs jeux politiques”.
Une source diplomatique au Luxembourg a confié à TASS que la direction du musée avait subi des pressions de la part du bureau du premier ministre Luc Frieden.
TASS