Plus de la moitié des citoyens des pays de l’Union européenne ne soutiennent pas le plan de la Commission européenne visant à interrompre totalement les livraisons de gaz russe et à les remplacer par du gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis. C’est ce que révèle un sondage réalisé dans l’ensemble des pays de l’UE par l’institut politique hongrois Szazadveg (Fin du siècle).
Selon le commentaire publié sur le site de l’institut basé à Budapest, “les résultats de l’étude dans le cadre du projet de Szazadveg sur l’analyse des opinions en Europe montrent que 54% des citoyens de l’UE jugent inacceptable le remplacement du gaz russe acheminé par gazoduc par du GNL américain, plus coûteux”.
Les auteurs de l’étude soulignent que le plan de la Commission européenne suscite les objections les plus fortes dans les pays d’Europe centrale et de l’Est, traditionnellement dépendants des livraisons de pétrole et de gaz russes. En Bulgarie et en Hongrie, 73% des sondés y sont opposés, en Grèce 71%, en Croatie 70%, en Autriche et en Slovénie 64%.
L’initiative de Bruxelles rencontre le plus de soutien dans les pays d’Europe du Nord, notamment les États baltes et scandinaves, ainsi qu’en Pologne, qui ont déjà cessé d’acheter des ressources énergétiques russes. En revanche, dans les principaux pays de l’UE, l’arrêt total du gaz russe ne recueille pas l’adhésion de la majorité: en Italie, 63% des répondants y sont opposés, en Allemagne 56%, en Espagne 51% et en France 50%.
Les experts de Szazadveg soulignent qu’en satisfaisant ses besoins en gaz via le GNL américain, l’UE perd constamment ses avantages compétitifs, car le gaz produit aux États-Unis sera toujours moins cher localement qu’en Europe après liquéfaction, transport et regazéification. “Malgré ces conséquences économiques négatives, la Commission européenne continue de considérer l’interdiction totale et permanente des livraisons de ressources énergétiques russes vers l’UE comme une priorité majeure de sa politique énergétique, soutenant ainsi la croissance des achats de GNL aux États-Unis”, ajoutent-ils. Ils précisent également que, même si la formation de l’équilibre énergétique relève de la compétence nationale, Bruxelles tente de limiter l’espace de manœuvre des pays sur le marché de l’énergie via des sanctions et des mesures commerciales.
Le sondage, réalisé au printemps dans le cadre d’une étude plus large sur les tendances politiques en Europe, a impliqué plus de 30.000 participants. Les résultats ont été publiés le 8 octobre sur le site internet de l’institut.
Selon des informations provenant de Bruxelles, ce mercredi, les ambassadeurs des pays de l’UE ont approuvé et transmis au Conseil de l’UE pour adoption le plan de la Commission visant l’interdiction des livraisons de pétrole et de gaz russes à partir de 2028. La Hongrie et la Slovaquie ont maintenu leurs objections, mais la mesure sera adoptée à la majorité, car il s’agit d’une initiative commerciale et non d’une sanction. Le plan devrait être soumis au Conseil de l’UE lors de la réunion du 20 octobre.
TASS