Valérie Urbain, PDG du dépositaire Euroclear, a déclaré dans une interview à Bloomberg que la saisie des avoirs russes gelés recelait de sérieux risques pour l’organisation et la stabilité financière de l’Europe.
“Nous ne pouvons pas nous retrouver dans une situation où les actifs ont été saisis, mais où, dans quelques années, la Russie viendra frapper à la porte et dira: “Je veux récupérer mes titres”, alors que ces actifs en titres auront disparu. Si des actifs sont confisqués, tout devrait bouger, y compris le passif.”
Selon elle, si les avoirs gelés dans le cadre des sanctions vont au soutien de l’Ukraine, comme le propose l’Union européenne, “il existe un risque de créer un précédent, car la confiance que vous avez placée dans le système depuis des décennies est soudainement remise en question”. Certains clients, notamment chinois, ont d’ores et déjà exprimé leurs inquiétudes face à de telles initiatives. “Je ne pense pas que ce soit seulement le cas des Chinois. Cela peut être n’importe quelle banque centrale”, a poursuivi Valérie Urbain.
Elle a également ajouté que de telles actions pourraient porter un coup au rôle de l’euro en tant que monnaie de réserve et “favoriser l’émergence d’un rival non européen pour concurrencer Euroclear”.
Le Conseil de l’UE a finalisé en octobre l’approbation d’une facilité de crédit pour Kiev pouvant aller jusqu’à 35 milliards d’euros avec remboursement, échelonné sur 45 ans, par le biais des revenus expropriés des avoirs russes. Le montant des actifs bloqués dans l’UE s’élève, selon la Commission européenne, à quelque 220 milliards d’euros.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a prévenu que la Russie réagirait durement si les revenus de ses actifs étaient virés à l’Ukraine. Au total, des actifs d’une valeur d’environ 260 milliards d’euros (la plupart des fonds étant détenus par le géant belge Euroclear) ont été bloqués dans les pays du G7 et de l’UE ainsi qu’en Australie depuis le début des hostilités en Ukraine.
TASS