Publicité antirusse de Public Eye dans Le Matin

roubles

Nous avons été interpellés par la présence d’un “article” au ton antirusse dans le quotidien Le Matin : “Pour l’amour du rouble: les négociants suisses font fi de leurs responsabilités“.

En réalité, il ne s’agit pas d’un article mais d’une publicité. En effet :

  • Il est indiqué “Partenariat” ;
  • L’auteure, Géraldine Viret, n’est pas journaliste mais Responsable médias au sein de l’association Public Eye.
Capture du texte publié sur lematin.ch et mise en évidence par nos soins

Le texte réussit l’exploit de faire figurer plusieurs éléments de langage de bas niveau en peu de lignes :

  • “Pour l’amour du rouble” ;
  • “Pour quelques roubles de plus…” ;
  • “le trésor de guerre de Poutine”.

Voici ce que nous retenons du fond de ce texte, qui ne vaut pas mieux que la forme :

La Suisse ne peut pas décider de sanctions, mais seulement reprendre celles de ses principaux partenaires commerciaux. Elle doit s’engager pour que l’Union européenne prononce des sanctions contre le commerce de pétrole et de gaz – et les reprendre intégralement.

lematin.ch

L’atlantiste le plus zélé n’aurait sans doute pas mieux dit !

L’association Public Eye

Nous nous intéressons à présent à l’association qui a vraisemblablement payé pour diffuser ce texte antirusse (mais dont le message est également repris dans des articles classiques) sur le site internet du quotidien Le Matin.

Nous l’avons dit, cette association s’appelle Public Eye.

Se rendre sur son site internet, c’est comprendre immédiatement quel sujet l’obsède.

Voici, au moment où nous rédigeons cet article [lundi 18 avril 2022], quels sont les titres des dernières publications :

  • À Genève, l’étonnante ascension d’une discrète société dans le pétrole russe
  • Les oligarques russes chassés du paradis helvétique
  • Guerre en Ukraine : la solidarité passe par l’action
  • Pétrole russe : la Suisse ne peut pas compter sur les sanctions volontaires de ses négociants
  • Pour l’amour du rouble(*) : le Conseil fédéral et les négociants suisses font fi de leurs responsabilités
  • Négoce de matières premières : la Suisse doit cibler le trésor de guerre de Poutine
  • En Suisse, le pétrole russe coule à flots

(*) Décidément, on ne se renouvelle pas… On retrouve également l’expression “trésor de guerre de Poutine”, cf. la capture d’écran ci-dessous.

publiceye.ch

Il est, à notre sens, frappant de constater que le ton de ces articles est sensationnaliste pour des révélations, au final, extrêmement pauvres.

Pour s’en faire une idée, nos lecteurs peuvent, par exemple, lire cette “enquête” sur “l’étonnante ascension d’une discrète société dans le pétrole russe” dans laquelle l’on n’apprend d’intéressant.

[Autre exemple, ne concernant pas la Russie cette fois-ci : Public Eye s’est vanté d’avoir harcelé le tennisman Roger Federer pour qu’il intervienne auprès de son sponsor Uniqlo concernant les conditions de travail des ouvriers.]

Quelle est donc cette association qui s’en prend de façon aussi grossière à la Russie ?

Elle a été créée en 1968, sous le nom de Déclaration de Berne, puis a changé de nom en 2016 pour devenir Public Eye.

D’après ses statuts, son but est de but de “promouvoir une solidarité active avec les groupes de population dominés, principalement dans les pays en développement ou émergents.”

Lorsque nous nous renseignons sur une association, nous tâchons de savoir qui la finance ; c’est souvent l’élément le plus parlant.

Étant donné que Public Eye accorde beaucoup d’importance à la transparence (cf. capture ci-dessous), il devrait être facile de trouver de telles informations à son sujet.

publiceye.ch

Voici ce que nous apprenons en consultant la page Financement du site internet de Public Eye :

  • L’association compte 28 000 membres ;
  • Elle est financée “par les cotisations de ses membres et le soutien de ses donatrices et de ses donateurs” ;
  • Elle reçoit également des legs.

Les autres sources de financement proviennent du produit des ventes de matériel et du soutien de fondations, de paroisses et d’autres fonds institutionnels, et notamment de la Fédération genevoise de coopération (FGC), de la Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco), de la Fondation GlobalLokal, de la paroisse catholique de Lucerne ainsi que de la paroisse réformée de Berne.

publiceye.ch

Un graphique tiré du rapport d’activité 2021 nous apprend que 57 % des recettes provient des dons et des legs.

En consultant le rapport d’activité, nous notons qu’il s’agit de 53 % pour les dons et 4 % pour les legs.

En revanche, l’identité des donateurs n’est pas indiquée.

Nous nous trouvons donc face à une entité :

  • visiblement prête à payer pour diffuser un message antirusse,
  • qui prône la transparence,
  • mais qui n’indique pas d’où proviennent les dons constituant plus de la moitié de ses recettes.

Image de couverture par Romi_Lado de Pixabay