La Chine, l’Indonésie et l’Arabie saoudite incitent l’UE à ne pas saisir les avoirs russes

Mohammed ben Salmane

La Chine, l’Indonésie et l’Arabie saoudite demandent à l’Union européenne de refuser de confisquer les avoirs gelés de la Russie. C’est ce que rapporte l’édition européenne du journal Politico, citant des sources.

Selon ces sources, ces trois États ont lancé un appel privé aux représentants de l’UE pour leur demander “de ne pas céder à la pression des États-Unis et du Royaume-Uni”, qui insistent sur la confiscation d’environ 200 millions d’euros d’avoirs russes. “Ces pays sont très sceptiques face à une telle idée”, a souligné l’interlocuteur anonyme de la publication. Selon lui, la RPC, l’Indonésie et l’Arabie saoudite craignent qu’une telle mesure “crée un précédent” pour la confiscation d’avoirs d’autres pays à l’avenir.

Selon un diplomate de haut rang d’un pays non membre de l’UE, “la Russie aurait pu demander à ses amis de s’en charger”. Les tentatives de la Chine, de l’Indonésie et de l’Arabie saoudite d’empêcher la confiscation des avoirs pourraient également être liées à la crainte que le conflit en Ukraine ne s’éternise et qu’ils ne doivent “prendre parti pour l’un ou l’autre camp contre leur gré”, note Politico. En outre, selon le journal, ils pourraient être préoccupés par la possibilité que la Russie demande à des pays amis de confisquer des actifs occidentaux sur leur territoire en guise de représailles, ce qui “ternirait leur réputation aux yeux des investisseurs internationaux”.

Le journal rappelle qu’aucune décision n’a été prise jusqu’à présent sur l’avenir des avoirs russes dans l’UE et que l’idée de leur confiscation totale a été “repoussée”. Cependant, les États-Unis et le Royaume-Uni, qui sont particulièrement hostiles à la Russie, “ne se calment pas”, écrit Politico. Dans le même temps, selon la publication, les craintes de la Chine, de l’Indonésie et de l’Arabie saoudite “trouvent un écho dans certaines capitales européennes”, car la Russie pourrait contester la confiscation et gagner un procès, ce qui “laisserait un trou noir dans les bilans des institutions financières qui possèdent les actifs”.

La veille, le vice-ministre britannique des Affaires étrangères, Nusrat Ghani, a déclaré que les pays du Groupe des sept (G7) présenteraient de nouvelles propositions sur la manière de transférer les avoirs russes gelés à l’Ukraine avant le sommet prévu en juin.

La Commission européenne a déjà approuvé une proposition visant à utiliser le produit des fonds russes bloqués pour aider Kiev. Selon le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, l’initiative envisage de transférer 90% des revenus russes pour acheter des obus pour l’Ukraine et 10% au budget de l’UE pour continuer à soutenir le complexe militaro-industriel ukrainien. Les premières allocations pourraient être effectuées dès le mois de juillet.

La présidente de la Banque centrale de Russie, Elvira Nabioullina, a déclaré que la Banque de Russie prendrait les mesures appropriées pour protéger ses intérêts si l’Occident utilisait les avoirs russes gelés.

TASS