Les Européens refusent de confisquer les actifs gelés de la Russie

Elvira Nabioullina

Les autorités européennes refusent de confisquer les actifs souverains gelés de la Russie de crainte que cela puisse violer le droit international, torpiller la crédibilité de l’Europe auprès des investisseurs et provoquer une riposte de la Russie, rapporte Le Washington Post.

Selon ses informations, les responsables européens sont mécontents de la position de Washington qui insiste sur des actions risquées de leur point de vue, car la plupart des actifs se trouvent en Europe. Dans ce contexte, l’éventuelle riposte de la Russie touchera principalement le Vieux continent.

D’après un interlocuteur du journal, les alliés et partenaires européens des États-Unis estiment qu’il faut élargir l’aide à l’Ukraine, mais il n’y a pas de consensus sur des questions concrètes. “Nous considérons les actifs souverains de la Russie comme une solution durable au problème du financement [de l’Ukraine] à moyen et à long terme”, indique une source au Trésor américain.

Qui plus est, les ministres européens des Finances craignent que la confiscation des actifs russes provoque un exode de capitaux du continent. Dans ce contexte, “les États-Unis devront mener un long combat” pour l’octroi du financement à l’Ukraine.

L’UE, les États-Unis, le Japon et le Canada ont gelé les avoirs de la Russie, d’un montant de quelque 300 milliards de dollars, dont environ 5 à 6 milliards se trouvent aux États-Unis et la plus grande partie en Europe, notamment sur la plateforme internationale Euroclear. La vice-ministre britannique des Affaires étrangères, Nusrat Ghani, a précédemment déclaré que les pays du G7 avanceraient de nouvelles propositions sur les moyens de remettre les avoirs russes gelés à l’Ukraine à la veille du sommet prévu pour juin.

La Commission européenne a précédemment approuvé la proposition prévoyant d’utiliser les bénéfices tirés des fonds russes gelés pour aider Kiev. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé que, selon cette initiative, 90% des revenus iraient à l’achat d’obus pour l’Ukraine et 10% seraient versés dans le budget de l’UE pour continuer à soutenir l’industrie militaire ukrainienne. Les premières sommes pourraient être virées dès le mois de juillet.

La présidente de la Banque centrale de Russie, Elvira Nabioullina, a déclaré de son côté qu’en cas d’utilisation des avoirs russes gelés par l’Occident, son établissement prendrait des mesures appropriées pour protéger ses intérêts.

TASS