On ne le répétera jamais assez, il est indispensable de se méfier des informations que l’on trouve sur Wikipédia.
Voici un exemple, issu de nos lectures du jour, qui nous semble particulièrement parlant.
Ce tweet de Max Blumenthal indique que le journaliste Aaron Maté témoigne devant le Conseil de sécurité de l’ONU au sujet de l’attaque chimique présumée à Douma, en Syrie.
La fiche Wikipédia d’Aaron Maté
Si vous ne connaissez pas Aaron Maté, vous allez peut-être chercher son nom sur Google et vous retrouver sur sa fiche Wikipédia en français.
Dès le premier paragraphe, on vous explique que ce journaliste “est contributeur pour [un] site conspirationniste”.
Voilà qui n’est pas engageant, car si Aaron Maté est “contributeur pour [un] site conspirationniste”, il doit être considéré comme conspirationniste lui-même, par extension.
Un peu plus loin sur la fiche Wikipédia en français consacrée à Aaron Maté, il est dit que celui-ci “écrit aujourd’hui essentiellement pour le site américain The Grayzone fondé par Max Blumenthal et connu pour son partage de théories conspirationnistes”.
Mais pour quel motif est-ce que Wikipédia utilise, au sujet du site The Grayzone, le terme de conspirationniste, ô combien disqualifiant ?
Des sources ni fiables ni objectives
Pour justifier l’emploi de ce terme, trois notes de bas de page :
- « Ces diplomates rebelles au service de la propagande du Kremlin »(Conspiracy Watch) ;
- « Syrie : la théorie du complot aura-t-elle la peau de l’OIAC ? » (Conspiracy Watch) ;
- « UPDATED: UK Academics Collaborated with Russian Officials to Cover Up Assad’s War Crimes » (EA WorldView).
Dans le premier article, écrit par Élie Guckert et publié sur Conspiracy Watch, le nom d’Aaron Maté n’est cité qu’une seule fois.
L’article utilisé en lien pour qualifier The Grayzone de “site conspirationniste américain” est publié sur codastory.com, qui a reçu un soutien généreux de la National Endowment for Democracy.
Dans le deuxième article de notre liste, également écrit par Élie Guckert et publié sur Conspiracy Watch, Aaron Maté n’est, là encore, cité qu’une fois.
De plus, rien de concret ne lui est reproché, si ce n’est d’être lié à Max Blumenthal et Ben Norton.
Le troisième article de notre liste est publié sur EA WorldView, le blog de Scott Lucas.
Dans cet article, Scott Lucas accuse des universitaires britanniques d’avoir collaboré avec des responsables russes pour dissimuler les crimes de guerre du régime Assad.
Aaron Maté ferait partie de “ce réseau”.
Scott Lucas se base notamment sur une publication de Bellingcat, un site d’investigation notamment financé par l’Open Society de George Soros et la National Endowment for Democracy (bis repetita).
Pour en savoir davantage sur ce point, vous pouvez consulter l’article de l’Observatoire du journalisme.
On le voit, les sources utilisées ne sont ni fiables ni objectives, mais nous vous avons gardé le meilleur pour la fin.
La fiche Wikipédia de The Grayzone
Nous avons poussé le vice en consultant la fiche Wikipédia en français de The Grayzone.
Il est indiqué sur celle-ci que le site est “un point de vente en ligne connecté au Kremlin qui promeut les théories du complot pro-russes et la négation de génocide”.
Qui en parle de façon si peu élogieuse ?
Il s’agit de l’organisation britannique Index for Censorship.
Qui finance cette organisation ?
La réponse se trouve sur son propre site internet.
Voici quelques sponsors :
- Commission européenne
- National Endowment for Democracy (…)
- Open Democracy (Soros)
- Open Society Foundations (Soros)
En d’autres termes, un journaliste est discrédité sur Wikipédia car il est contributeur sur un site qualifié de conspirationniste mais les publications citées pour justifier l’emploi de ce terme sont financées par des entités ne faisant ni de la recherche ni de l’information mais de la propagande.
Cet exemple parmi tant d’autres vous montre qu’il est indispensable de se méfier des informations que l’on trouve sur Wikipédia et de vérifier quelles sont les sources utilisées.
Sources :