D’anciens membres de la division SS ukrainienne Galicie ont pu entrer au Canada depuis le Royaume-Uni parce que ce dernier les a présentés à Ottawa comme des combattants contre le communisme, indique l’historien Alti Rodal dans un rapport de 618 pages publié en format pdf sur le site de Bibliothèque et Archives Canada.
Le document a été élaboré dans les années 1980 dans le cadre d’une enquête sur l’immigration de nazis au Canada. Il précise que les membres restants de la division se sont rendus aux Britanniques en 1945 et ont été placés dans des camps de prisonniers de guerre au Royaume-Uni. En 1950, Ottawa a accordé le droit d’entrée au premier groupe de nazis ukrainiens, mais en raison des protestations de la communauté juive canadienne, qui affirmait que ces hommes avaient servi dans les SS, la procédure a été reportée à janvier 1951. Toujours d’après le rapport, le ministère britannique des Affaires étrangères a assuré que ces prisonniers de guerre n’avaient rien à voir avec les crimes de guerre. “Les responsables britanniques mettaient en relief la motivation antisoviétique des membres de la division et l’absence de toute accusation de crimes de guerre contre eux à ce moment donné”, souligne Alti Rodal. Il note que ces conclusions avaient été faites par les Britanniques à l’issue d’une “vérification superficielle” des restes de la division.
Au début, constate l’auteur, les autorités canadiennes ont résisté aux efforts des lobbyistes visant à déplacer les membres de la division Galicie, mais avec la création de l’Otan en 1949, la situation a commencé à changer. En mai 1950, le gouvernement a décidé de les accueillir, estimant qu’avec leurs visions antisoviétiques, ils pourraient se joindre aux forces politiques anticommunistes du Canada.
Un nazi au parlement
Le 22 septembre 2023, le parlement canadien a applaudi, lors d’un discours du président ukrainien Vladimir Zelenski, le nazi ukrainien de 98 ans Yaroslav Hunka, qui a servi dans la division SS Galicie et qui réside au Canada. Quatre jours plus tard, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a demandé la démission du président de la Chambre des communes (chambre basse), Anthony Rota, qui a pris la responsabilité pour l’invitation du nazi. Elle a qualifié l’incident de “complètement inacceptable” et de “honte pour la Chambre et pour les Canadiens”. Anthony Rota a par la suite annoncé sa démission. Le 27 septembre, c’est Justin Trudeau qui a formulé ses excuses.
Sur fond de ce scandale, l’opinion canadienne a exigé la publication des archives de la Commission Jules Deschênes, qui a enquêté en 1986-1987 sur les criminels de la Seconde Guerre mondiale ayant trouvé refuge au Canada. La majeure partie du rapport, y compris la liste des criminels de guerre, n’avait pas été rendue publique.
Le ministère russe des Affaires étrangères a ensuite déclaré que l’éloge public du nazi caractérisait “on ne peut mieux” le régime du premier ministre canadien, tandis que Moscou n’avait pas l’intention de “tolérer la façon dont les libéraux canadiens flirtaient avec le nazisme”.
TASS / Photo audiovis.nac.gov.pl