L’administration américaine examine différentes options pour ce qui est des avoirs russes gelés et étudie notamment les retombées d’éventuelles mesures de représailles de la part de Moscou, a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen.
“Je crains que la Russie ne commence à voir des signes de fatigue de la part des États-Unis et de nos alliés et d’une difficulté croissante pour trouver les moyens de soutenir l’Ukraine. Ce qui leur donne [aux Russes] l’espoir de retourner la table et voir notre détermination épuisée”, a-t-elle indiqué lors d’une conférence de presse à Washington. Elle a souligné que “l’Ukraine avait besoin d’un flux d’aide constant” et que les États-Unis cherchaient dans ce contexte un moyen “de tirer un avantage économique et un flux de ressources des actifs souverains russes d’environ 285 milliards de dollars qui ont été gelés”. Selon elle, “toute une série de possibilités est envisagée: de la confiscation des actifs à leur utilisation en qualité de gage” lors de l’émission de titres de créance pour l’Ukraine.
Janet Yellen a ajouté que la Russie avait déjà pris des mesures contre des entreprises aux États-Unis, en Europe et dans d’autres pays. “Il est évident qu’il y aura des représailles [du côté de Moscou]. Nous étudions les risques liés à l’utilisation de ces avoirs [gelés] et évaluons diverses stratégies que nous pourrions proposer aux dirigeants du G7.” Elle estime qu’il existe “des moyens de gérer les risques, surtout si le G7 fait front commun”. “Le G7 a l’intention de prendre des mesures pour que les avoirs restent gelés jusqu’à ce que la Russie dédommage l’Ukraine”, a-t-elle encore noté.
L’Union européenne a d’ores et déjà pris des mesures au sujet “des intérêts tirés des avoirs russes gelés sur [la plateforme internationale] Euroclear” en Belgique. “En effet, il ne s’agit pas de propriété russe, a affirmé Janet Yellen. Et ils [les Européens] font des démarches pour faire profiter l’Ukraine de ces actifs. Nous souscrivons totalement à cette idée et nous chercherons des moyens supplémentaires de tirer profit de ces actifs.”
Les avoirs russes gelés en Occident
L’UE, les États-Unis, le Japon et le Canada ont gelé les avoirs de la Russie, d’un montant de quelque 300 milliards de dollars, dont environ 5 à 6 milliards se trouvent aux États-Unis et la plus grande partie en Europe, notamment sur la plateforme internationale Euroclear. La vice-ministre britannique des Affaires étrangères, Nusrat Ghani, a précédemment déclaré que les pays du G7 avanceraient de nouvelles propositions sur les moyens de remettre les avoirs russes gelés à l’Ukraine à la veille du sommet prévu pour juin.
La Commission européenne a précédemment approuvé la proposition prévoyant d’utiliser les bénéfices tirés des fonds russes gelés pour aider Kiev. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé que, selon cette initiative, 90% des revenus iraient à l’achat d’obus pour l’Ukraine et 10% seraient versés dans le budget de l’UE pour continuer à soutenir l’industrie militaire ukrainienne. Les premières sommes pourraient être virées dès le mois de juillet.
La présidente de la Banque centrale de Russie, Elvira Nabioullina, a déclaré de son côté qu’en cas d’utilisation des avoirs russes gelés par l’Occident, son établissement prendrait des mesures appropriées pour protéger ses intérêts.
TASS / Photo Federalreserve