France / 80 ans du débarquement en Normandie : la Russie invitée, pas Vladimir Poutine

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AA / Paris / Ümit Dönmez

La Russie recevra une invitation pour les cérémonies marquant le 80ᵉ anniversaire du Débarquement allié en Normandie, cependant, son président Vladimir Poutine est exclu de l’événement en raison des tensions liées à l’offensive en Ukraine, a rapporté mardi la Mission Libération.

Par voie d’un communiqué, la Mission Libération a précisé que « compte tenu des circonstances actuelles liées à l’offensive russe en Ukraine, le président Poutine ne sera pas invité ». Toutefois, la Russie pourra être représentée afin d’honorer « l’importance de l’engagement et des sacrifices des peuples soviétiques ainsi que leur contribution à la victoire de 1945 ». La décision reflète une volonté de distinguer le gouvernement actuel de la Russie de l’héritage historique de l’Union Soviétique durant la Seconde Guerre mondiale.

Selon la Mission Libération, la France a traditionnellement invité les pays dont les contingents ont participé au Débarquement, et parfois, cette invitation a été étendue à la Russie post-soviétique. « Contrairement au régime du Kremlin, la France ne mène pas de politique de révisionnisme historique », a souligné l’organisation, marquant ainsi une ferme condamnation de l’actuelle politique extérieure russe, notamment son implication en Ukraine.

Cette exclusion de Vladimir Poutine, tout en invitant la Russie, soulève des questions sur la portée symbolique des commémorations.

Bien que l’Union soviétique n’ait pas pris part directement au Débarquement en Normandie le 6 juin 1944, son rôle dans la Seconde Guerre mondiale a été crucial pour le succès des Alliés en Europe. Le front de l’Est a en effet absorbé une grande partie des forces militaires allemandes, ce qui a significativement affaibli les défenses de l’Axe en France et a facilité les opérations de débarquement allié en Normandie.

La contribution soviétique à la victoire contre l’Allemagne nazie est immense. Près de 27 millions de Soviétiques, soldats et civils, ont perdu la vie pendant le conflit, constituant le tribut le plus lourd payé par une nation pendant la guerre. Cette énorme perte humaine a été déterminante pour affaiblir les forces de l’Axe et permettre aux Alliés d’ouvrir un second front en Europe occidentale.

La reconnaissance de cet effort soviétique, malgré l’absence physique de troupes lors du Jour-J, est une raison pour laquelle la Russie, en tant qu’État successeur de l’URSS, est souvent incluse dans les commémorations de la libération de l’Europe. Elle rappelle l’importance d’une perspective globale sur les contributions de chaque nation à la victoire alliée, soulignant que les efforts sur différents fronts ont collectivement mené à la défaite de l’Allemagne nazie.

Pour rappel, le 24 février 2022, la Russie a lancé une opération militaire en Ukraine, ce qui a provoqué de multiples réactions à l’échelle internationale, notamment de l’Union européenne et des États-Unis, ainsi que l’imposition de sanctions financières et économiques à l’endroit de Moscou.

La Russie affirme être intervenue pour protéger les populations russophones majoritaires dans les régions séparatistes du Donbass, particulièrement celles de Donetsk et de Lougansk qui souhaitaient obtenir leur indépendance de l’Ukraine et qui ont fini par être annexées par la Russie suite à deux référendums tenus en septembre 2022 dans ces territoires.

La Russie pose, par ailleurs, comme préalable, pour mettre un terme à son opération, le renoncement de l’Ukraine à ses plans d’adhésion à des entités et alliances militaires, dont l’Otan, et l’adoption d’un statut de « neutralité totale », ce que Kiev considère comme étant une « ingérence dans sa souveraineté ».

Photo Mappu Matiti